Minett Park : Frédéric, 14 ans au Fond-de-Gras, comment c’était ?
Frédéric : Passionnant. Le site s’est considérablement développé pendant cette période. Quand j’ai commencé, le représentant du ministère de la Culture m’a donné deux classeurs : l’un pour le côté administratif et l’autre pour les réservations des groupes et des guides. J’ai mis un peu de temps à comprendre le fonctionnement avec les deux associations ferroviaires et les deux communes. Pendant ces 14 ans, mon travail était très diversifié : de l’administratif, de l’accueil de visiteurs, l’organisation d’événements, beaucoup de rédaction de textes…
Minett Park : Quel était le moment le plus marquant ?
Frédéric : Sans aucun doute le décès de Patrick Reinert. Président de longue date du train minier, il est mort quelques semaines avant le début d’une saison. C’était une période difficile, surtout pour la « Minièresbunn » ; mais les membres de l’association ont fait face à cette perte, et ils ont continué, encore plus unis. Patrick serait très fier d’eux. Une note plus joyeuse : j’ai apprécié chaque groupe de visiteurs. Recevoir un email ou un coup de téléphone, quelques jours après la visite, pour remercier les bénévoles et les guides est une vraie récompense pour notre travail à tous.
Minett Park : As-tu une anecdote à nous partager d’un moment où tu as vraiment bien rigolé ?
Frédéric : J’ai aussi fait de nombreuses visites guidées. Un jour, j’ai accompagné un groupe à travers le Fond-de-Gras. Tout s’est très bien passé, mais à la fin de la visite, un monsieur vient me voir pour me dire « pfff… c’était dur quand même les mines de charbon ! ». Des années après, je me demande encore si j’ai particulièrement été mauvais ce jour-là ou si c’est lui qui n’a vraiment rien compris.
Minett Park : Comment vois-tu l’avenir du Minett Park, quels sont les chances et les difficultés ?
Je vois beaucoup de chances et peu de difficultés.
Nous avons réalisé de nombreux projets, événements etc. Mais il reste encore beaucoup de possibilités de développement. C’est ce qui rend le travail au Minett Park intéressant : le potentiel. L’équipe actuelle est jeune et motivée et je n’ai aucune inquiétude, le site va continuer à se déployer.
De plus, le patrimoine industriel est de plus en plus reconnu comme un élément culturel important de notre pays. Après la fermeture des mines et des hauts fourneaux, rares étaient ceux qui voyaient un intérêt à protéger mettre en valeur des vestiges industriels. Aujourd’hui, les ministères de la Culture et du Tourisme, investissent beaucoup que ce soit dans notre asbl mais également dans des projets comme le Centre national de la culture industrielle (IK-CNCI), les anciennes ardoisières à Martelange ou encore le Minett Tour.
La seule difficulté éventuelle est le bénévolat. En effet, les membres des deux associations ferroviaires ne donnent pas seulement de leur temps mais ils ont acquis énormément de connaissances et endossent beaucoup de responsabilités. Préparer, entretenir et rouler un train ne s’improvise pas. Il faut des compétences technique, connaître la réglementation ferroviaire et transmettre ce savoir-faire aux futures générations afin de faire perdurer l’activité. Nous avons actuellement la chance d’avoir deux équipes assez exceptionnelles mais il faudra à l’avenir les soutenir.
Minett Park : Tu as parlé de la jeune et dynamique équipe. Depuis peu, ton successeur est connu. Quels sont les 3 conseils que tu pourrais donner à Robyn [Wehles, la nouvelle directrice] ?
Robyn connait le Fond-de-Gras presque tout aussi bien que moi, depuis le temps qu’elle y travaille. Le meilleur conseil que je peux lui donner c’est d’écouter. En effet, nous avons beaucoup de partenaires au Minett Park : les bénévoles, l’Etat, les communes, les guides et beaucoup d’autres personnes avec qui nous collaborons au quotidien. Quelques fois, les avis diffèrent et c’est notre mission de trouver une entente. La diplomatie est importante.
Je suis content de lui laisser la place. Au bout de 14 ans, un nouvel élan fait du bien. Une femme, plus jeune fait les choses un peu différemment même si nous avons toujours eu la même vision globale. Je ne m’inquiète pas, je sais qu’elle est à la hauteur du défis.
Minett Park : Pars-tu avec le sourire ou avec des larmes ?
« Gens qui pleurent et gens qui rient » : je suis certes un peu triste mais j’ai hâte de revenir pour profiter pleinement des événements ou de la belle terrasse de la « Giedel ». Je suis également très motivé pour mon nouveau poste au Fonds Belval et cela facilite le départ.
Minett Park : Au Fonds Belval, as-tu le droit de fumer la pipe ?
Probablement pas, mais à l’heure du déjeuner je vais m’asseoir sous le haut fourneau et le faire fumer à nouveau (un peu).
Minett Park : Veux-tu encore dire quelque chose ?
Je tiens à remercier toutes les personnes avec qui j’ai travaillé ces 14 dernières années. C’est vrai que tout le monde parle de mon départ comme si c’était la fin d’une ère. C’est vrai que j’étais motivé et que je suis venu avec des idées mais sans le soutien infaillible des ministères, communes, bénévoles, guides et de mon équipe, rien n’aurait été possible. C’était un réel privilège d’avoir pu travailler ici.
Minett Park : Merci Frédéric pour ton travail et ta passion, c’était un plaisir de travailler avec toi.