© Charles Storoni, Tour d’angle + départ du funiculaire vers l’usine de Rodange
Qu’est-ce qu’un téléphérique ?
Un téléphérique est un moyen de transport pour des personnes ou des marchandises. Son dispositif de transport (par exemple la cabine) est déplacé à l’aide d’un câble de traction à entraînement électrique. Il peut être attaché à un câble métallique, courir sur des rails ou être suspendu à des rails.
Au Luxembourg, les téléphériques sont communément appelés « funiculaires ». Il s’agit d’une erreur linguistique. En effet, à la différence du téléphérique qui circule dans les airs, le funiculaire circule sur des rails, au niveau du sol.
Contexte historique
Au 19ème siècle, la mine Doihl offre une vue dégagée jusqu’aux hauts-fourneaux de Rodange (1,5 km en ligne droite, alors qu’en train, il faut passer par le Fond-de-Gras, Pétange pour atteindre Rodange, environ 10 km). Compte tenu de cette distance, le conseil d’administration des hauts-fourneaux de Rodange envisage, en 1878, d’établir une connexion directe entre la mine et la fonderie. Ainsi, un téléphérique voit le jour deux ans plus tard.
Comment fonctionnait le téléphérique des hauts fourneaux de Rodange ?
Au Doihl, le minerai est chargé dans les wagonnets suspendus du téléphérique. Le câble de traction est guidé par des poteaux en bois d’une hauteur de 4 à 5 m au-dessus du sol. Peu à peu, les poteaux en bois sont remplacés par des profilés métalliques. Le nombre d’heures de fonctionnement varie entre 12 à 14 heures par jour.
Développement du téléphérique
Suite à la mise en service d’un troisième haut-fourneau à Rodange en 1901, la capacité du téléphérique est insuffisante. Un nouveau téléphérique plus stable est alors construit, avec 30 mâts en treillis et d’une hauteur de 8 à 26 m. Les wagonnets sont désormais suspendus à un balancier à deux roues.
Progressivement, la station de chargement Doihl, surnommée « Wicks », devient une impressionnante installation. Désormais, un grand silo en béton, où est stocké le minerai, permet le chargement de 3 bennes en même temps.
Vers 1930, l’usine compte cinq haut-fourneaux et décide d’augmenter la capacité du téléphérique en mettant en service des bennes plus grandes.
A partir des années 1950, le minerai n’est plus chargé à la main, mais à l’aide de grandes excavatrices. Cela complique l’utilisation du téléphérique car le calibre des morceaux de minerai n’est plus le même. Il arrive alors que des blocs de minerai heurtent les poteaux qui tombent, parfois même certains chariots restent coincés provocant le déraillement des wagonnets suivants.
Lorsque la société Métallurgique et Minière de Rodange (“MMR”) construit une usine de traitement du minerai en 1960, un nouveau téléphérique, le troisième, est érigé sur le tracé du premier. D’énormes véhicules d’une capacité de 1500 kg sont désormais suspendus à des chariots pendulaires à quatre roues et la vitesse de déplacement est portée à 10 km/h (le premier téléphérique roulant à 5,5 km/h).
Afin de protéger les personnes, les rues et les maisons situées sous le téléphérique, deux ponts sont construits pour rattraper le minerai qui tombe.
Fin du téléphérique
L’arrêt de l’exploitation minière en juillet 1978 met fin à cette installation presque centenaire. Une structure métallique surplombant la voie de chemin de fer Fond-de-Gras – Bois-de-Rodange est le dernier vestige avec les fondations en béton qui forment une promenade référée par les habitants de Rodange par “duerch d’Seelebunn goen” (traverser le téléphérique).
Données techniques
Adolph Bleichert(1880) |
Pohlig(1901) |
PohligVergrösserung (1930) |
PohligVergrösserung (1943) |
Applevage(1960) |
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Longueur (m) |
1530 |
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1700 |
Vitesse (km/h) |
5,5 |
6 |
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7 |
10 |
Nombre de wagonnets |
120 |
130 |
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150 |
130 |
Poids des wagonnets chargés (kg) |
300 |
500 |
750 |
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1500 |
Capacité |
36t/rotation =65t/heure |
36t/rotation =127t/heure |
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112,5t/rotation =257t/heure |
195t/rotation =575t/heure |
Merci à Charles Storoni pour les photos