Le 30 avril 1955 marque un tournant dans l’histoire industrielle du Fond-de-Gras. Ce jour-là, la dernière mine encore en activité ferme définitivement ses portes, mettant un point final à des décennies d’extraction du minerai de fer dans la vallée.
Si cette fermeture scelle la fin de l’exploitation minière au Fond-de-Gras, l’activité minière au Luxembourg se poursuit encore quelques décennies. La dernière mine du pays, le Thillenberg, ferme fin 1981, marquant l’arrêt définitif de l’extraction du minerai de fer au Luxembourg. Quelques années plus tard, en 1997, c’est au tour du dernier haut fourneau B à Belval de s’éteindre, mettant ainsi un terme à plus d’un siècle d’histoire sidérurgique.
Le Fond-de-Gras fut l’un des plus importants sites miniers du pays, avec pas moins de 21 entrées de mines réparties sur l’ensemble du site. Mais l’activité ne se limitait pas à cette vallée : de nombreuses autres mines étaient en exploitation le long de la ligne de chemin de fer reliant Pétange à Bois-Châtier. A son apogée, elle desservait 18 points de chargement, facilitant l’acheminement du minerai vers les aciéries.
Dès les années 1940, les mines du Fond-de-Gras ferment progressivement, certaines arrivant à épuisement. La dernière en activité, la mine « Chiers », d’abord appelée Oberst-Blenken, prolongea encore son exploitation de quelques années. Elle utilisait le quai de chargement « Chiers », situé en face de l’actuelle gare du Fond-de-Gras. Par ce point de sortie transitaient également les ressources des mines Gorcy et Couillet.
En novembre 1954, les ressources étant presque épuisées, Camille Mines, l’exploitant, reçoit l’autorisation d’abattre les piliers de sécurité afin de récupérer les dernières réserves de minerai. En avril 1955, l’entreprise annonce officiellement aux autorités minières la fin de son activité pour la fin du mois.
Si l’activité minière cesse au Fond-de-Gras, elle continue encore dans les environs. La MMR, puis la MMRA, poursuivent l’exploitation, notamment au Schlammefeld, une mine à ciel ouvert situé près du Fond-de-Gras. En effet, dans la région, l’extraction du minerai se faisait à la fois en galeries souterraines et à ciel ouvert. Si, à l’origine, l’exploitation se déroulait principalement sous terre, la tendance s’inversa progressivement **. Le site à ciel ouvert était relié au Doihl par une galerie, d’où partait une autre en direction de Lasauvage, encore en activité jusqu’en 1978. Toutefois, pour des raisons économiques, le transport de tout ce minerai se faisait désormais par funiculaire plutôt que par chemin de fer. L’exploitation cessa définitivement le 24 juillet 1978.
Quant à la ligne de chemin de fer du Fond-de-Gras, elle était déjà peu utilisée dans les dernières années. Un glissement de terrain, débuté en septembre 1964, mettra un terme définitif à toute activité ferroviaire dans la vallée, jusqu’à l’arrivée des bénévoles du Train 1900, qui feront renaître cette ligne à des fins touristiques ****.
Le 30 avril 1955 ne marqua pas seulement la fermeture d’une mine, mais la fin d’une époque. Toutefois, ce fut aussi le début d’une nouvelle vocation pour le site : préserver et transmettre la mémoire de ceux qui ont fait vivre cette vallée pendant des décennies.
Dès 1970, la ligne renaît grâce à l’engagement des bénévoles du Train 1900. En 1990, une seconde association est créée pour restaurer une mine et faire découvrir aux visiteurs la réalité de la vie souterraine.
* Article sur la ligne ferroviaire : https://minettpark.lu/ligne-ferroviaire-au-fond-de-gras/,
** Article sur la mine à ciel ouvert : https://minettpark.lu/schlammenfeld-une-mine-a-ciel-ouvert-reconvertie-en-reserve-naturelle-partie-1.
*** Article sur le téléphérique : https://minettpark.lu/tseelebuhn-le-telepherique-doihl-rodange-partie-1/.
**** Article sur l’histoire du Train 1900 : https://minettpark.lu/la-passion-du-fond-de-gras-de-pere-en-fils/.